Transformers de Michael Bay J’ai enfin vu le dernier-né de ce cher
Michael Bay. Celui-là même, qui nous a déjà offert des films, tel que
Bad Boys I & II, The Rock, The Island ou encore
Armageddon. Je sais très bien que ce réalisateur est très loin de faire l’unanimité. Mais bon, moi j’aime les films qu’il fait, car ce sont d’excellents gros divertissements. Justement, la plus grande réussite du réalisateur, c’est d’être parfaitement conscient de l’entreprise qu’il dirige.
Michael Bay ne ment jamais sur son produit.
Transformers ne prétend jamais être autre chose, qu’un gros blockbuster estival avec des robots géants qui s’entretuent.
Ça paraît que
Steven Spielberg est producteur, car on sent son influence bienfaitrice sur certains aspects de l’histoire. En effet,
Transformers évolue entre les sensibilités de son producteur (Sam, jeune héros qui habite en banlieue, sa relation avec sa première voiture, etc.) et celle du réalisateur (le fétichisme de l’armée, l'iconographie magnifiante) qui a su, exploiter au mieux son imagerie publicitaire, qui trouve par moments sa justification dans la narration (les flashbacks sur le grand-père de Sam). De son illustre modèle,
Bay a également su reprendre le goût pour le merveilleux. À ce titre, la première découverte de Bumblebee sous sa forme robotique par le héros est là aussi très forte. Et, ce n'est pas le seul moment de ce type. On retient doublement, la scène de l’arrivée des Autobots sur Terre. Tout d’abord, parce que l’on y retrouve le
Michael Bay qui croit dur comme fer au pouvoir de ses images, transcendant chaque plan pour en faire une icône, mesurant au mieux son montage pour créer une ascension, et au moment où la séquence semble avoir atteint son paroxysme, le compositeur envoie les chœurs, et les frissons du spectateur se transforment en larmes aux yeux. Mais, on remarque également cette scène, au-delà de sa qualité et de sa force intrinsèque, par ce qu’elle signale de l’approche formelle de Bay sur ce film.
Ça commence dès le départ, dès le premier des nombreux plans d’hélicoptère. Tout d’abord, il filme non pas l’engin en soi mais son ombre, menaçante, laissant alors sous-entendre qu’il s’agit d’un méchant Transformers (Decepticon), car le public sait qu’il va voir un film avec des véhicules qui se transforment en robots.
Bay joue avec les attentes du spectateur. Un peu plus tard, il monte en parallèle d'un côté les militaires qui se mettent à paniquer quand arrive un autre hélicoptère, non-identifié, et de l'autre côté, l’appareil en question qui progresse, presque lentement, en silence vers la base. Le crescendo est superbement assuré. Les deux premières scènes d'action alternent entre chaos (à la
Armageddon, adoptant le point de vue des victimes surprises et perdues) et clarté soudaine (à la
Pearl Harbor, adoptant un point de vue empirique, pour situer l'action, remettre l'échelle en place). Le résultat, très impressionnant, démontre que le cinéaste a tiré des leçons de chacun de ses films. Il recycle toujours des idées de ses films mineurs comme
Bad Boys II (le travelling "manège" durant un gunfight entre deux pièces, la caméra qui passe durant une poursuite sous un véhicule sauf qu’ici il se transforme, etc.) mais surtout, il revisite son propre cinéma, sans se répéter. L’arrivée des Autobots citent littéralement
Armageddon dans le texte, ne réitère pas la scène de destruction massive de la chute de météores de son prédécesseur - à laquelle elle fait évidemment référence -, pour mieux exploiter le montage alterné suivants les différents robots, absolument jouissif, et culminer avec le plan-stigmate du metteur en scène, ce lent travelling circulaire en contre-plongée sur ses personnages, ici étiré à l’extrême, qui vient ponctuer à la perfection cette séquence d’auto-citation.
Le film propose quelque chose d’encore jamais vu à l’écran et,
Bay s’y impose de ne jamais filmer deux scènes d'action de la même manière. Tout le long, il se renouvelle sans cesse. Par exemple, la rencontre entre Optimus Prime et le Decepticon nommé Bonecrusher, sur l'autoroute, utilise de furtifs ralentis qui viennent délibérément interrompre l'action sans casser le rythme, afin de mieux sublimer le face à face entre ces deux colosses de métal, dégageant alors une puissance filmique, surdécoupés. Néanmoins, bien qu’il prouve avoir bien appris de ses leçons sur
The Island, le réalisateur commet quelques erreurs. Plusieurs scènes paraissent filmées de manière un peu confuses, avec des plans bien trop proches de l’action, notamment des transformations, qui ne laissent pas l’œil du spectateur profiter de la dimension de la chose. Pourtant, il offre de nombreux cadeaux au public, par le biais de ces ralentis absolument jubilatoires, comme lorsque Optimus Prime et Megatron traversent un immeuble ou bien entendu lorsque Ironhide évite des missiles tout en ripostant, survolant une victime qui hurle alors de peur au premier plan. Avec ce genre de plan, on sent un
Bay qui joue avec l’humour et la distanciation par rapport au procédé filmique derrière. On sent un
Bay conscient de son cinéma.
Michael Bay a bien évolué depuis ses premiers films. Changeant une fois de plus de chef opérateur, il semble cependant avoir trouvé le ton juste, avec une photo très proche de celle de son précédent film, mais davantage ancrée dans le réel. Bien heureusement, les défauts du film tiennent souvent du détail, alors que dans l’ensemble le film est une véritable réussite qui révèle une évolution continue du travail de son réalisateur et du regard qu’il porte sur son œuvre. Vivement le prochain film de
Michael Bay, qui semble soit être
Transformers II ou un autre film de science-fiction, nommé
2012 : The War for Souls.
Note: 18/20