Eastern Promises de David Cronenberg David Cronenberg est sans aucun doute, le plus grand réalisateur canadien. Sa filmographie est des plus impressionnantes avec des films, tel que
Shivers,
Rabid,
The Brood,
Scanners,
Videodrome,
The Dead Zone,
The Fly,
Dead Ringers,
Naked Lunch,
Crash,
eXistenZ,
Spider et
A History of Violence. Certains films sont plus bizarres, d’autres sont plus violents et d’autres sont plus réalistes. Le Canada n’aura jamais été aussi bien représenté, à travers le monde, par ce génialissime réalisateur, qu’est
David Cronenberg. Son dernier film
Eastern Promises est une autre excellente réussite, de ce réalisateur.
Cronenberg a décidé d’explorer un nouveau genre, qu’est celui du polar. Malgré tout, il utilise ces thèmes de prédilections qu’il approfondit, film après film, depuis le début de sa carrière. La transformation du corps, la famille, ainsi que l’impact produit sur elle par l’environnement, dans ce cas-ci Londres.
Comme pour son précédent film,
David Cronenberg fonctionne beaucoup par scènes. Certaines sont marquantes, d’autres visuellement incroyables! Mais, la meilleure scène de toute, c’est la scène du hammam. Elle est l’une des plus belles, des plus sombres, des plus émouvantes, de toute l’œuvre du cinéaste. Il est étonnant que la symbolique du tatouage n’ait jamais été abordée jusqu’à présent, dans les œuvres du réalisateur canadien. Au milieu du film, Nikolai, interprété magistralement par un
Viggo Mortensen habité par son personnage, intègre cette zone de la mafia russe, exprimant sa foi, faisant état de son passé, via les tatouages qu’il porte sur le corps, comme autant de marques indélébiles, de preuves de son appartenance à une classe sociale, celle des vori v'zakone. Troublante, cette scène d’intronisation, résume à elle seule le cinéma du réalisateur, la prédominance de l’esprit sur la matière, la négation de la famille biologique, la transformation du corps vers une nouvelle chair. Des thèmes connus, maîtrisé par un
Cronenberg qui parvient, une fois de plus, à éviter malgré tout la redite.
On savait
Cronenberg de plus en plus intrigué, par le rapport que l’homme peut entretenir avec son environnement. Déjà prégnant dans
The Naked Lunch (la ville fantasmée de Tanger) et dans
M. Butterfly (le folklore lié à la ville de Pékin catalyseur d’une passion destructrice et aveugle), ce rapport explose dans
Crash, où le flot de voiture qui s’écoule sous la fenêtre de l’appartement varie en fonction des humeurs d’un couple et inversement. Dans
Eastern Promises, Londres, où
Cronenberg tourne pour la première fois, est une ville «où tout change, tout subit une mutation». Cette mutation est, selon le patriarche russe, à l’origine de celle de son fils (très bien joué par
Vincent Cassel), et de celle de la famille qui se voit confrontée à un problème de succession : «Il y a une rivalité entre les deux fils, l'un étant biologique, l'autre "adopté". Et il y a une autre famille, celle d'Anna, qui est joué par
Naomi Watts. Elle est toujours aussi belle et excellente, cette chère
Naomi! Dans les deux familles, il y a de l'amour et de la haine, de l'envie et de la jalousie. Mais,
Cronenberg poursuit une oeuvre qu'il est parvenu, depuis deux films, à renouveler, à questionner,
Eastern Promises signe, tout autant que
A History of Violence, la marque d'un nouveau départ.
Note: 19/20